Les chenilles processionnaires du chêne
Les Chenilles Processionnaires du chêne
La processionnaire du chêne ( Thaumetopoea processionea ) est commune en Europe centrale et du Sud (Espagne, Italie).
En France, ses pullulations périodiques sont connues dans différentes régions (notamment Alsace, Bourgogne, Íle-de-France, Centre, Poitou-Charentes et Midi Pyrénées).
Les papillons, nocturnes, volent au cours de l‘été, de fin juillet à mi-septembre selon les régions.
Après l‘accouplement, les femelles déposent leurs pontes sur de fines branches, au sommet des arbres bien dégagés.
Rassemblés en des plaques de quelques centimètres de largeur, les oeufs n‘écloront qu‘au printemps suivant. La vie larvaire de l‘insecte dure de deux à trois mois au cours desquels se succèdent six stades larvaires : 5 mues et une nymphose (transformation en papillon).
Au printemps, les chenilles éclosent très tôt, avant le débourrement (éclosion des bourgeons) des chênes. Elles sont alors capables de rester en quiescence, sans s‘alimenter, jusqu‘à l‘apparition des premières feuilles. En revanche, dès qu‘elles ont commencé à se nourrir, elles ne sont plus capables de résister à une famine.
Les chenilles vivent en colonie et s’alimentent la nuit sur le feuillage. Pendant la journée, elles se rassemblent sur les feuilles et les rameaux, et confectionnent un tissage soyeux très léger dans lequel elles s‘abritent et qu‘elles abandonnent après chaque mue.
Dès la fin du jour, elles gagnent le feuillage en procession ou en « troupeau », laissant derrière elles un réseau de fils.
En été, à la fin du cinquième stade larvaire, les chenilles tissent un nid plus résistant composé de fils soyeux mêlés de déjections et d‘exuvies (mues desséchées de chenilles).
Ce nid, plaqué sur les troncs et les branches maîtresses, peut atteindre une taille importante en période de pullulation (un mètre de long et plus). Il contient les tissages individuels renfermant les chrysalides. Les adultes apparaissent trente à quarante jours plus tard.
Les populations de chenilles évoluent par gradations au fil des ans. Entre deux pullulations, les chenilles peuvent rester très discrètes pendant de nombreuses années. Ce cycle dépend de nombreux facteurs tels que les parasites naturels, les maladies et les conditions. Un gel de printemps peut être à l’origine d’une mortalité importante de jeunes chenilles affamées et, a contrario, une sécheresse importante des chênes favorise l’environnement de la chenille qui préfère les peuplements clairs
Cycle Biologique
Le cycle biologique de cet insecte est annuel. On peut le présenter schématiquement en 6 étapes :
1.Métamorphose des chrysalides en papillons. Le mâle et la femelle s'accouplent. Le mâle meurt un ou deux jours après.
2. La femelle s'envole et pond dans les fines branches au sommet des chênes bien dégagés. Puis elle meurt à son tour.
3. La processionnaire du chêne passe l'hivers sous forme d'oeufs.
4. Eclosion des oeufs avant le débourrement des chênes (apparition des jeunes feuilles).
5. Les chenilles construisent un abri en soie, sur les branches. puis elles passent par 5 stades larvaires.
6. Tissage d'un nid plus résistant plaqué sur le tronc ou les grosses branches charpentières pour le dernier stade larvaire. Ce nid va contenir les cocons. Les chenilles effectuent leurs nymphoses, et se transforment en chrysalides.
Techniques de lutte *
ATTENTION ! Quelle que soit la méthode envisagée, ne prenez pas de risques inutiles.
Consultez les professionnels agréés qui sauront vous proposer la solution la mieux adaptée à votre situation. Ils possèdent les équipements pour se proteger lors de la lutte mécanique et/ou pulvériser l’insecticide sur de grandes hauteurs.
La lutte contre les chenilles processionnaires du chêne peut prendre différentes formes. Les actions à mettre en oeuvre ne dépendent évidemment pas des dates administratives des saisons, mais sont liées au cycle de l'insecte qui peut varier selon les régions et les conditions climatique.
Il n'existe aucun moyen de se débarasser définitivement des chenilles. Les traitements sont à refaire chaque année. En effet, même si l'on détruit toutes les chenilles vivantes sur son terrain , vos arbres seront réinfestés l'année suivante par des papillons pouvant provenir de plusieurs kilomètres.
Ces traitements annuels doivent donc être maintenu tant que des nids, et donc des papillons, existent dans votre région.
Traitement phytosanitaire biologique (aérien ou terrestre)
- Appliquer un traitement avec un insecticide biologique à base de Bacillus thuringiensis (BT kurtstaki, sérotype 3a3b), bactérie aux propriétés entomopathogènes.
- Agit par ingestion, spécifique des larves de lépidoptères. Respectueux de l'homme et des animaux, préserve la faune utile.
- Traitement à la dose de 40 à 50 milliards UBI/ha en automne (période idéale : stade L1 à L3).
Traitement phytosanitaire chimique (terrestre)
- Appliquer un traitement avec un insecticide de la famille des benzoylurées : le diflubenzuron.
- Agit par ingestion, perturbe le processus de mue sans arrêter l'alimentation.
- Agit par contact, non sélectif, à employer lors des stades avancés (stades L3 et plus). A réserver aux interventions de faible ampleur ou de rattrapage éventuel.
Lutte mécanique
- Opération délicate necessitant du materiel de protection intégrale et qui consistent en enlever mecaniquement (brulage, aspiration, grattage...) les nids plaqués sur les branches.
Piégeage par confusion sexuelle
- Utiliser une phéromone de synthèse comme leurre.
Lutte biologique
- Favoriser l'implantation des prédateurs et parasites : mésange...
Dégats
En forêt, la processionnaire du chêne se développe de préférence dans les peuplements clairs et en zone de lisière, mais en cas de pullulation elle peut coloniser des zones forestières de pleine futaie où elle provoque dans des secteurs de taille variable des défoliations qui peuvent être à l’origine de réductions de croissance. Elle peut consommer la première et la deuxième pousse de l’année, occasionnant jusqu’à la mi-juillet des défoliations dites tardives.
Lorsque le feuillage n’est pas suffisamment développé, l’alimentation des chenilles peut se traduire par la destruction des inflorescences.
En général une défoliation, même totale, ne provoque pas directement la mort des arbres atteints. Cependant, après de fortes défoliations répétées sur plusieurs années ou en présence d’importants facteurs complémentaires de stress, l’affaiblissement des chênes pourrait parfois conduire à des dépérissements avec attaques par des ravageurs secondaires (agriles, scolytes, etc…) ou des pathogènes.
Source :Ministère de l'agriculture - Département de la santé des forêts
Risques pour l’homme et les animaux
Le principal risque concerne l’homme : la présence des chenilles dans les secteurs fréquentés (travaux forestiers, zones urbaines, sites touristiques) provoque en effet des urtications et chez certaines personnes sensibles des réactions allergiques qui peuvent être sérieuses.
Les chenilles portent de longs poils « d’ornementation » blancs et soyeux, qui leur donnent un reflet gris argenté à contre-jour. Une observation attentive montre en outre l’existence de petites poches qui apparaissent à partir du troisième stade larvaire et qui sont situées sur la faxe dorsale des segments abdominaux. Au fond de ces poches, que la chenille peut ouvrir lorsqu’elle est inquiétée, se forment des milliers de poils microscopiques (100 à 250 microns), hérissés de barbilles comme des harpons.
Seuls ces minuscules poils sont urticants. Ils contiennent dans un petit canal intérieur fermé une protéine urticante, la « thaumétopoéfine », qui est sécrétée par des glandes sous-épidermiques. Ces poils très légers peuvent être emportés par le vent et se ficher dans la peau ou les muqueuses. Par frottement ils se cassent, la libération du venin provoquant des démangeaisons très vives. Le zones de transpiration et les muqueuses, naturellement humides, sont les plus touchées (bouche, aisselles, yeux, etc.).
Lors des contacts directs avec les nids et les chenilles, ce sont des milliers de poils urticants qui peuvent entrer en action et provoquer des troubles graves (oedèmes, accidents oculaires, vertiges, etc.), nécessitant le recours à un médecin (prise de médicaments antihistaminiques). Si des animaux domestiques sont touchés (en particulier lorsque les cavités buccale ou rétinienne sont atteintes), il est nécessaire de consulter un vétérinaire.
Les risques d’urtications peuvent se prolonger toute l’année et au-delà.
Les poils urticants conservent leurs propriétés d’autant plus longtemps qu’ils sont à l’abri de l’humidité, en particulier dans leurs « nids »tissés par les chenilles. Ces nids conservent leurs capacités urticantes plusieurs mois, voire 1 à 2 années, c'est-à-dire bien après la disparition des dernières chenilles.
Les animaux domestiques ou d’élevage sont aussi très sensibles aux poils urticants.
En cas de réactions allergiques : Attention !
l’allergie peut se déclencher en dehors des périodes de pullulation des chenilles car les poils conservent longtemps leurs propriétés urticantes. Il est préférable de consulter un médecin, les réactions pouvant être violentes.
Source :Ministère de l'agriculture - Département de la santé des forêts